Wasurenagusa by Aki Shimazaki

Wasurenagusa by Aki Shimazaki

Auteur:Aki Shimazaki [Shimazaki, Aki]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Actes Sud
Publié: 2011-04-14T16:00:00+00:00


JE QUITTE MON TRAVAIL à l’heure et rejoins Mariko et Yukio au coin de la petite ruelle et de la rue principale, près de l’église. Elle porte son panier à provisions. Nous allons chez le yaoya {8}que je fréquente seul tous les dimanches.

Quand nous entrons dans le magasin, la femme du propriétaire nous regarde en souriant. C’est la première fois que je viens ici avec quelqu’un d’autre. Mariko et moi choisissons des légumes, des poissons, des fruits. Yukio observe avec curiosité les coquillages dans une boîte de bois. Lorsque je paie, la femme tend un filet de hamaguris {9}à Mariko en disant :

— Okusan {10}, c’est un porte-bonheur. Je vous les donne en prime.

Mariko rougit. Je réponds aussitôt :

— Merci, madame. C’est gentil.

Je mets les choses lourdes dans mon sac. Mariko prend le reste dans son panier à provisions. Je porte Yukio sur mes épaules. Nous sortons du magasin.

L’appartement de Mariko est situé dans un quartier en retrait de la rue commerçante. Le long du petit chemin s’étendent de vieilles maisons à étage, comme un nagaya {11}. Je remarque des gens dans la rue qui chuchotent en nous regardant. Mariko marche d’un pas rapide, en silence. En entrant dans son appartement, elle me dit :

— Ne vous en faites pas. Les gens sont curieux.

Yukio me dit, sur mes épaules :

— Ils sont méchants parce que je n’ai pas de père.

Mariko détourne les yeux. Je le mets par terre et lui demande :

— Yukio, tu veux faire des bateaux de papier ? J’ai apporté beaucoup de feuilles usagées du laboratoire.

— D’accord, répond-il.

Mariko commence à préparer le dîner dans la petite cuisine tout à côté de l’entrée. Il n’y a que deux pièces : l’une pour dormir et l’autre pour manger. Je vois plusieurs robes accrochées au mur. La couleur en est voyante. Mariko me dit :

— C’est mon travail, la couture.

Je joue avec Yukio en écoutant Mariko couper des légumes. L’odeur des hamaguris grillés se répand. Cela sent très bon.

Nous mangeons. Le repas est excellent. Les poissons, les coquillages et les légumes sont cuits légèrement, c’est savoureux. Je me régale.

Après le dîner, Yukio nous demande :

— Peut-on jouer au kaïawase {12} ? Je vous montre comment.

Il met les coquilles des hamaguris sur la table. Il explique :

— Les règles du jeu sont très simples : trouver les deux coquilles qui formaient la partie originale.

Je connais ce jeu, mais je dis quand même :

— Elles sont toutes pareilles !

— Non, regardez bien, dit-il.

Il prend deux coquilles et les colle l’une contre l’autre.

— Elles ne sont pas de la même grandeur, n’est-ce pas ?

— Tu as raison, dis-je.

— Alors, ça ne sera pas facile, monsieur Takahashi !

Mariko sourit.

En fait, c’est un jeu archaïque dont l’origine remonte à l’époque de Heian. Les nobles jouaient avec des coquilles dans lesquelles étaient écrits des poèmes. Je demande à Yukio :

— Où l’as-tu appris, ce jeu ?

Il ne répond pas. Mariko me dit :

— Peut-être de madame Tanaka, qui aime les hamaguris. Elle dit aussi qu’il n’y a que deux morceaux qui vont vraiment ensemble, comme un couple qui s’entend bien.



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